L’annonce simultanément par le Burkina-Faso, le Mali et le Niger ce dimanche 28 janvier de leur <<retrait sans délai>> de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est un véritable coup de tonnerre. Après avoir tourné dos à cette dernière, aucune annonce par contre n’a été faite sur l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) dont les trois Etats sont aussi membres.
Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani qui sont respectivement à la tête du Mali, du Burkina-Faso et du Niger ont signé conjointement le communiqué par lequel ils ont annoncé que leurs pays se retiraient de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Pour justifier cette décision les trois militaires qui dirigent ces trois pays estiment que <<l’organisation n’a pas porté assistance>> à leurs pays dans la lutte <<existentielle contre le terrorisme et l’insécurité>>. Le communiqué poursuit en dénonçant le fait que la Cedeao ait <<adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes>> quand leurs trois <<Etats ont décidé de prendre leur destin en main>>. A l’heure actuelle, l’organisation sous-régionale n’a pas encore officiellement réagi à cette annonce. Dans le même temps, la réaction de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) sera aussi scrutée car le Mali, le Niger et Burkina-Faso en sont aussi membres partagent une monnaie commune avec les cinq autres membres de ladite organisation.
De plus, depuis que ces trois pays ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) en juillet dernier des rumeurs font état de la création d’une monnaie commune entre eux. Une telle initiative va induire immédiatement leur retrait de l’Uemoa et des conséquences sur la vie de leurs habitants. Cette monnaie commune à l’Aes si elle voyait le jour, sera un coup dur pour le FCFA qui est la monnaie commune des Etats de l’Uemoa.
Attention cependant aux questions de délais en cas de retrait…
Cette sortie de la CEDEAO n’est pas immédiate, quoique le communiqué soit resté péremptoire dans la forme. Conformément aux dispositions de l’article 91 du Traité instituant la CEDEAO,
- Tout Etat Membre désireux de se retirer de la Communauté notifie par écrit, dans un délai, d’un (l) an, sa décision au Secrétaire Exécutif qui en informe les Etats Membres. A l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet Etat cesse d’être membre de la Communauté.
- Au cours de la période d’un (1) an visée au paragraphe précédent, cet Etat membre continue de se conformer aux dispositions du présent Traité et reste tenu de s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du présent Traité
Il existe donc une période transitoire pendant laquelle, l’Etat qui se retire, demeure toujours « obligé » par ses pairs. cette période servira-t-elle à des négociations de dissuasions ? Ou encore, sera-t-elle une porte d’entrée pour des actions coercitives envers les trois Etats ? Cette période peut-elle permettre d’exiger des trois Etats des obligations supplémentaires ou fantaisistes ?
https://ecowas.int/wp-content/uploads/2022/06/REVISED-Treaty-Updated-fr.pdf
Bernado Mariano Houenouss