L’éviction ce mardi 09 avril de Johannes Dagnon, est un véritable coup de tonnerre dans le landerneau politique béninois. En effet, ce n’est pas un personnage parmi tant d’autres. Il s’agit, d’un acteur incontournable dans le rouage en place autour du président Talon depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême en avril 2016 en le nommant dans la foulée le 15 avril 2016 au poste de conseiller spécial du président de la République. Au-delà de l’effet de surprise, les supputations vont bon train sur les raisons de ce débarquement de Johannes Dagnon du navire de l’exécutif.
Demain mercredi 10 avril, se tiendra le traditionnel conseil hebdomadaire des ministres que le président Talon va présider. Depuis quelques heures le limogeage de Johannes Dagnon son conseiller spécial,est au centre de toutes les attentions. En attendant un communiqué officiel de la présidence de de la République, l’acte en lui-même est symbolique car Johannes Dagnon n’a pas démissionné, ni été appelé à d’autres fonctions mais il a été tout simplement « viré » par le chef de l’État. En avril 2018, le magazine Jeune Afrique écrivait à son sujet qu’il est le « véritable homme de confiance de Patrice Talon, qui le consulte sur tous les sujets importants » et qu’il « a pris une place centrale dans le système mis en place par le chef de l’État. » Jeune Afrique renchérit en ces termes : « Fiduciaire d’Afrique, son cabinet d’experts-comptables, certifie tous les comptes des sociétés du chef de l’État béninois, qui n’appose jamais sa signature sur un document sans que Dagnon ne l’ait paraphé. Seul conseiller spécial nommé au palais de la Marina, le patron du Bureau d’analyse et d’investigation (BAI) est consulté sur tous les sujets ».
Pourquoi Dagnon est « out » ?
Le chef de l’État ne s’en est pas caché. Il va peser de tout son poids dans la bataille politique de 2026 pour l’élection de son successeur. Ces derniers mois Johannes Dagnon a été même cité parmi les potentiels dauphins de Patrice Talon. Mais cette rumeur, n’a été qu’un feu de paille puisque Johannes Dagnon, selon plusieurs sources aurait eu 70 ans récemment. Certaines autres sources le créditent plutôt de 67 ans. En tout état de cause, s’il a réellement bouclé les 70 ans en décembre dernier ( ce qui paraît peu probable), Il a donc dépassé l’âge limite pour être candidat à l’élection présidentielle au Benin. Les ambitions au sein de la mouvance présidentielle pour 2026 malgré le verrouillage de haut vol orchestré existent et sont manifestées de plus en plus dans les cercles feutrés du pouvoir. Dans tout ceci, quelle ramification il y a t-il entre le limogeage de Johannes Dagnon et l’arrestation de Romaric Boco, membre du Bloc républicain l’un des partis de la mouvance présidentielle ? Ce dernier a été arrêté ce lundi 08 avril pour harcèlement par le biais d’un moyen de communication à l’encontre du ministre du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, José Tonato. En garde à vue depuis quelques heures à l’Office central de répression de la cybercriminalité (OCRC), il a pris position sur les réseaux sociaux ces dernières semaines sur l’affaire de démolition de plusieurs maisons à Togbin pour cause de déclaration d’utilité publique. Figure de cette affaire sur les réseaux sociaux à cause de la démolition de sa maison, l’huissier de justice Bérenger Agbogba suspendu depuis peu a été vigoureusement défendu par Romaric Boco. Néanmoins les conditions de son arrestation laissent sceptiques. En effet, procède t-on à une perquisition en cas de harcèlement par voie électronique ? Pourquoi les policiers qui l’ont mis aux arrêts étaient en civil ? Des documents « sensibles » et en lien avec l’affaire de Togbin seraient t-ils tombés entre les mains de Romaric Boco en ayant été fuités opportunément ?
Rotciv GBÉNOU