En perte de crédibilité en Afrique, Macron tente d’utiliser Kèmi Séba comme un bouc-émissaire et un trophée pour diluer ses échecs en Afrique et en Ukraine et préparer ses Européennes. Le ministère de l’intérieur français par l’entremise de la Direction générale des étrangers en France a adressé une correspondance à l’activiste panafricain Setelio Robert Capo-Chichi alias Kèmi Séba lui notifiant l’intention du gouvernement français d’engager une procédure de déchéance de nationalité à son encontre. C’est le Franco-beninois lui même qui a porté cette information à la connaissance du public ce 29 février 2024.
Quelques heures seulement après son annonce, cette procédure abusive et complètement absurde, fait secouer la toile et suscite plusieurs réactions de la part des internautes. Selon cette correspondance, les autorités françaises repprocheraient à Kèmi Séba, ses prises de position radicales vis-à-vis de la politique étrangère française en Afrique. L’on l’accuse d’adopter une posture qui attiserait dans les pays de l’Afrique de l’ouest un sentiment anti-français. Il est également accusé de diffuser des messages virulents et outranciers contre la France.
Mais à y voir de près, le gouvernement Macron en perte de vitesse et de crédibilité devant le peuple français et particulièrement en Afrique, voudrait s’appuyer sur ce jeune Français noir (Kèmi Séba) pour se redonner une bouffée d’oxygène avant une autre tempête. Devrait-on rappeler aux autorités de l’Elysée que Kèmi Séba n’a jamais réclamé d’une quelconque manière la nationalité comme un attribut que lui aurait conféré l’Etat français.
Etant né français d’un père français et sur le territoire français, il peut se réclamer légalement des deux droits attributifs de nationalité en France : droit du sol et droit de sang. Ces droits lui sont conférés légalement par l’article 18 du code civil français depuis sa naissance. En un mot, sa nationalité française n’est pas acquise ni par négociation, ni par acquisition, ni par naturalisation encore moins par décret. Alors tenter de retirer la nationalité française à Kèmi Séba, c’est avant tout remettre en cause les dispositions du code civil français et par ricochet, tous ceux qui sont nés sur le sol français.
Bien entendu, l’article 23-7 du code civil français dispose que tout “français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret et après avis conforme du Conseil d’Etat, avoir perdu la qualité de Français.” Et c’est sur la base de cet article, antérieurement voté à la volée lors des incidents impliquant des étrangers ayant perpétré des exactions sur le sol français ou pour régler la question des terroristes français binationaux, que la France compte motiver la déchéance de nationalité de Kemi Séba. Au motif qu’il est béninois et qu’il ne deviendra point apatride en cas de déchéance de nationalité. Mais suffit-il d’être bi-national pour subir de la part de l’Etat français, la peine de la déchéance ?
Le gouvernement français reproche à Kemi Séba ses prises de positions anti-françaises et des manifestations et conférences dans divers pays susceptibles de porter gravement atteinte aux intérêts français. Cette seule motivation est-elle suffisante pour se voir arracher un droit conféré par le sang et le sol ? Qu’adviendrait-il si le Bénin retirait à Kémi Seba la nationalité béninoise, entre le debut de la procédure et la prise du decrét par l’Etat français ?
Il se retrouverait apatride en cas de déchéance, et donc l’Etat français aurait à revoir sa décision, puisque l’absence de crainte de l’apatridie était constitutive de l’un des motifs et donc de l’une des raisons de la déchéance. Il en résulte qu’il s’agit là d’une sorte d’abus de droit, voire même d’une décision qui frise une voie de fait, car elle placerait Kémi Séba et un autre français n’ayant pas la double nationalité dans des situations inégalitaires, et donc avec des traitements différents, en cas d’infractions similaires.
La déchéance n’est pas une faculté offerte à l’Etat français. Elle doit être motivée et égalitaire. Surtout pour les français dont la nationalité est de souche et non acquise. Pour être plus clair, Kèmi Séba apparaît comme le « négro » qu’il faut sacrifier pour sauver et embellir l’atmosphère du gouvernement Macron qui traverse actuellement des turbulences aussi bien en Ukraine, en Afrique de l’Ouest et même au plan interne avec les Européennes qui pointent dans quelques mois.
Sinon, l’homme a pourtant été toujours précis dans ses messages. « Il n’est pas contre le peuple français, mais il dénonce plutôt la politique étrangère des gouvernants et de l’élite français visant à torpiller et piller les pays d’Afrique pour assurer l’hégémonie Française dans le monde. Le même Kèmi affirme aussi que le peuple français souffrirait également des dérives de leurs dirigeants ».
Combien sont-ils ces français « Blancs » qui sont tapis même au cœur de l’appareil d’état qui fustigent au quotidien la politique étrangère française et qui n’ont pourtant jamais été inquiétés sur ce volet? N’y a-t-il pas des terroristes français qui ont posé des bombes dans les métros en France ou qui ont égorgé des prêtres français et qui jouissent toujours de leur nationalité française ?
Alors que Kèmi Séba n’a jamais assassiné un français ou milité contre les intérêts que la France acquiert légalement. Mais il revendique plutôt le droit des peuples à disposer d’eux mêmes et suggère toujours que la France délaisse ses anciennes colonies d’Afrique afin qu’elles se développent d’elles mêmes.
« Demander à quelqu’un d’arrêter de voler ou d’arrêter de faire du mal n’a jamais été une injure »