Ce n’est plus un secret, les deux partis siamois de la mouvance présidentielle au Bénin sont officiellement engagés dans le projet de révision de la Constitution. Et ceci, malgré l’avis defavorable du Chef de l’Etat qui avait affirmé qu’il ne voudrait pas qu’on touche à une seule virgule de la Constitution. Face à cette situation, l’on se demande quel serait l’intérêt des partis politiques à foncer sur un projet sans l’assentiment de leur mentor qui est Patrice Talon. Il y aurait-il des ambitions non avouées derrière cet entêtement des acteurs de la mouvance présidentielle ?
Dans un premier temps, il convient de revenir à la genèse de ce projet de loi. Qu’il nous souvienne tous, que lorsque le député Assan Séibou président du groupe parlementaire BR avait introduit ce projet de loi à l’Assemblée nationale, ses collègues de l’UP-R et même du BR sont montés au créneau pour dénoncer un projet solitaire, avançant qu’ils n’ont pas été consultés pour un tel projet. Pour calmer leurs ardeurs, Assan Séibou était obligé de confirmer qu’il agissait en tant qu’individu et que son action n’est pas imputable au groupe parlementaire Bloc Républicain qu’il préside.
Alors que l’opinion avait commencé à s’agiter pour dénoncer un projet opportuniste qui permettra au Chef de l’Etat de briguer un troisième mandat, Patrice Talon est lui même sortie de son silence pour mettre fin à cette polémique en avançant clairement qu’il ne souhaiterait pas que l’on touche à une seule disposition de l’actuel Constitution.
De ce fait, l’on croirait que cet avis indispensable du Chef de l’Etat allait contraindre les députés mouvanciers à ranger définitivement ce projet dans les placards. Mais bien au contraire, c’est maintenant que les partis politiques de la mouvance ont eu le courage de donner publiquement le feu vert à leurs députés pour foncer sur la révision.
À y voir de près, cette manière de faire ressemble à un plan bien ficelée qui consisterait à attendre que le Chef de l’Etat vienne se désengager aux yeux de la nation vis à vis d’un tel projet, avant que le plan de révision ne puisse se mettre en place. Qui est donc cette main noire qui pousse les pions dans l’ombre? Et à qui profite cette cacophonie autour de ce projet ?
En claire, il s’agit purement et simplement d’un désordre qui remet en cause la charte des partis politiques. Car c’est ce disfonctionnement que la réforme du système partisan visait à corriger au Benin. Sinon, comment comprendre qu’un élu appartenant à une famille politique puisse enclencher un projet d’une telle envergure sans consulter son parti politique.
En fait, la nouvelle réforme du système partisan visait à discipliner les partis politiques de telle sorte qu’un acteur politique ne puisse pas se départir au plan même de son opinion propre, des convictions réelles de son parti politique et continuer à agir en son nom propre. Cette méthode du député Assan Séibou est tout sauf, ce que recommande le nouveau système partisan.